SIBYLLINE ET LA BETTERAVE

SIBYLLINE EN DANGER

SIBYLLINE ET LES ABEILLES

 

 

Après le semi-échec de Chaminou, Macherot profondément déçu, décide, malgré l’avis de Charles Dupuis, de revenir au style champêtre des premiers Chlorophylle. C’est une décision d’importance car jamais on ne reverra sous le trait du dessinateur ces îles enchanteresses habitées par des animaux, comme Coquefredouille ou Zoolande. Heureusement, Macherot revient fort, très fort même. Il est à l’apogée de son art et ces trois albums sont de purs chef-d’oeuvres injustement oubliés. Bien qu’il reprenne un peu certaines formules déjà utilisées dans Chlorophylle, comme par exemple la lutte de petits animaux contre une horde de rats, Macherot ne tombe pas pour autant dans l’auto-parodie. Au contraire, il innove. Les caractères des protagonistes sont différents et tout particulièrement le chef des rats, Anathème, qui est intéressant à plus d’un titre. Ce n’est somme toute qu’un opportuniste, plus enclin à satisfaire son propre estomac qu’aux rêves de conquêtes. Dès son accession au pouvoir, il tombe dans la débauche et les excès. On ne sait d’ailleurs pas trop pourquoi il en veut autant à Sibylline et ses amis. Sans doute un désir de vengeance, mais qui tourne vite à l’obsession pour ne pas dire la folie. Dans le troisième épisode, Anathème, le roi des rats, peut même être qualifié de maniaco-dépressif. On ne peut qu’être troublé quand on sait que c’est à peu près à la même époque que Macherot tombe gravement malade. Une dépression qui, dira-t-il, sera très bien soignée. Malheureusement, en ce qui concerne son art, plus rien ne sera comme avant... Reste que ces trois albums sont un véritable festival d’humour et d’inventivité. On y retrouve aussi le rythme trépidant qui caractérisait les premiers Chlorophylle, cette ambiance digne de La guerre des boutons. Reste à espérer que Dupuis se décidera un jour à rééditer ces monuments de la bande dessinée.