[ Accueil ] [ Bibliographie ] [ Monographie ] [ Biographie ] [ Les thèmes  ] [ Les Croquillards ] [ Macherot et Hergé ] [ Sur le web ] [ Rencontres avec RM ] [ Contact/site plan ]
 

 

 

 

LA QUETE DE NOURRITURE

Dans toute l’œuvre de Macherot reviennent comme des leitmotivs les thèmes qu’il affectionne le plus. Ainsi, celui de la nourriture apparaît dès la première histoire animalière avec comme grande innovation de la part de Macherot d’avoir mis en exergue les cruelles lois de la nature. Car, comme le rappelle si justement sa femme : " toi, tu n’as jamais menti aux enfants. ", Macherot écarte d’un revers de main la gentille complicité naïve des personnages animaliers de Disney et redonne à chacun sa vrai place, fut-elle cruelle. Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Car chez Macherot, la quête de la nourriture chez les carnivores tourne à l’obsession, un peu à la manière de certains personnages de René Goscinny (Averell ou Obélix) dont c’est l’unique raison de vivre. Mais si chez ces derniers, cette recherche continuelle de nourriture est sans dommage ou presque ou peur leur prochain, c’est loin d’être le cas chez Macherot pour qui celle-ci passe fatalement par la mort de l’autre. D’où des luttes intenses souvent la trame de ses histoires. D’où vient donc cette obsession pour la bonne chère ? Macherot est-il lui-même un fin gourmet comme semble le montrer cette propension à décrire la manière dont les carnassiers vont s’y prendre pour accommoder leurs proies (canard à l’orange, rats à la vinaigrette, faisan à l’échalote). Ou bien, tout cela ne vient-il pas tout simplement du fait que le patronyme Macherot est composé des deux syllabes mâche rôt : " celui qui mange le rôti " ?

 

 

 Manger ou être manger : telle semble être la devise des personnages de Macherot

 LA RECHERCHE DU POUVOIR

L’autre grand thème souvent abordé par Macherot est celui de la quête du pouvoir. Très souvent, on ne sait pas très bien pourquoi les personnages recherchent le pouvoir. Parfois pour l’argent (Anthracite avec l’aide des Croquillards), parfois pour satisfaire leur appétit (Crunchblott dans Chaminou et le Khrompire) ou par esprit de vengeance (Anathème dans les trois premiers Sibylline), ou tout simplement sans autre motif que celui du pouvoir absolu (les deux premiers Chhlorophylle). Cette description de l’ascension vers le pouvoir est l’occasion pour Macherot de décrire tous les travers de ses contemporains comme avait su le faire de manière très savoureuse le regretté Peyo dans Le Schroumpfissime. Ainsi, le chef est entouré de tout un aréopage de courtisans plus flatteurs les uns que les autres, avec lesquels le maître se montre très injuste parfois. Dans Chlorophylle et les rats noirs, Anthracite fait condamner de manière impitoyable l’espion qui a failli à sa mission. Mais n’est-ce pas là l’un des privilèges du chef que de pouvoir se montrer injuste ? Louons le talent de Macherot qui sait si justement nous le faire remarquer. Comme il sait tout aussi habilement nous décrire la veulerie des courtisans qui entourent Anthracite nouvellement couronné. Ceux-là même qui sont prêts à retourner leur veste à la première occasion et dont Anthracite lui-même n’est pas dupe. Mais cette description de la recherche du pouvoir a pour autre avantage de permettre à Macherot d’en montrer tous les rouages. Ainsi, les marchands de canons qui dans l’ombre fomentent une guerre (Chlorophylle à la rescousse). Ou l’émergence de la résistance (Chlorophylle et les rats noirs, Chlorophylle joue et gagne). Parfois, ces luttes se rapprochent de celles des jeux d’enfants comme dans La guerre des boutons de Louis Pergaud. Mais dans d’autres situations, elles décrivent parfaitement les rouages du pouvoir politique consacrant Macherot comme fin observateur de son époque mais aussi de la nôtre tant ses descriptions restent d’actualité.

 LA CARICATURE DES TRAVERS DE L’ETAT

L’une des autres marottes de Macherot est la peinture des grandes fonctions de l’Etat, que ce soit les militaires, la police ou les bureaucrates de tout poil. Car Macherot, mieux qu’un sociologue, sait mettre en exergue les caractéristiques de chaque corps de métier. Et de peintre qu’il était, il est devenu celui des petits travers de ses contemporains. En fait, Macherot ne caricature pas. Il souligne juste l’inefficacité de la police, le manque de moyens des militaires ou la lâcheté de la population devant l’adversité. En voulant faire rire ses copains, l’auteur s’est fait le rapporteur de ce qui ne se dit pas, de ce que tout le monde sait mais n’ose évoquer de peur que... Tout au long de sa carrière et même vers la fin, avec la savoureuse description du cupide Flouzemaker, Macherot a su garder ce regard cynique et quelque peu désabusé sur ses contemporains. Et cela a été l’une de ses plus grandes forces.

 
[ Accueil ]
Copyright © A.P. / T.B - 2004