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CHAMINOU ET LE KHROMPIRE

Première histoire dessinée par Macherot, elle est souvent considérée par la critique comme son chef d’œuvre ; voire comme l’un des chefs d’œuvre de la bande dessinée tout court. Macherot s’est beaucoup investi dans cette histoire qu’il a préparé soigneusement, allant même jusqu'à établir un dossier de présentation très détaillé. Malheureusement le succès n’est pas au rendez-vous et Macherot préfère abandonner la série après le premier épisode. Personnellement, je trouve que c’est une œuvre difficile qui s’appréhende beaucoup moins facilement que les histoires de Chlorophylle. L’univers de Chaminou et le Khrompire, assez proche en fait de celui de Coquefredouille, est très marqué par les années soixante dont il dresse une caricature parfois cynique. On y retrouve ainsi cette ville toute clinquante de néons que l’on avait déjà rencontrée une première fois dans Clifton à New York. Les publicités s’étalent partout dans la ville et s’introduisent jusque chez les gens par le biais de la télévision. C’est sans doute là que Macherot est le plus incisif. La publicité pour les pâtes Délysse a, malgré les années, gardé tout son côté agaçant et préfigurait en cela ce que l’on nous fait ingurgiter aujourd’hui. Macherot s’attaque par ailleurs au mythe de l’agent secret (les aventures de James Bond envahissaient alors les écrans de cinéma) et le démolit allègrement. Chaminou, le héros, agent de la Police Secrète du Roi, est tout au long de l’histoire complètement dépassé par les événements même s’il a parfois de vagues présomptions. Ainsi, il change des plombs qui ont sauté tandis que sa secrétaire se fait enlever. Ou bien, il évacue promptement les vagues soupçons qu’il nourrissait alors que ceux-ci constituait véritablement de premiers indices. Il rappelle un peu en cela le commissaire Bouclette des histoires de Chlorophylle. Par chance, il possède une conscience professionnelle un peu plus étendue que ce dernier, ce qui lui permet de mener à terme son enquête précédé, il faut bien le dire, de son ami Pépin, le gardien de prison. Piètre image de la police que semble posséder Macherot. Il faut pourtant bien dire que l’actualité lui a parfois donné raison. Autre fait inhabituel dans le monde de la bande dessinée de l’époque, la place prépondérante laissée au personnage féminin, Zonzon, la secrétaire de Chaminou, qui cela dit, " en prend aussi pour son grade ". Toute cette modernité, qui a su garder toute sa verve encore aujourd’hui, a déconcerté le lecteur de 1964, comme elle m’a moi-même déconcerté au début. Chaminou et le Khrompire est en fait une œuvre difficile qu’il faut lire plusieurs fois pour en découvrir les différents niveaux de lecture. Il faut aussi, et ce sera le mot de la fin, ne pas chercher à y retrouver le charme et la poésie des Croquillards, mais plutôt s’y plonger comme dans une œuvre totalement nouvelle.

 

 

 
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